Trail du Petit Saint Bernard (07oct / 60km)


Salut la manade,

 

Il y a longtemps, très longtemps dans une galaxie…. Heu non, là je m'égare. Donc je disais, il y a longtemps je me suis inscrit sur une course vendue par les organisateurs comme un 'trail authentique et technique', et comme étant la dernière course en haute altitude de la saison.

 

Mais je voulais la faire seul, en mode aventurier, donc j'ai gardé le secret, bien ..un mois.. et, sous la pression, j'ai lâché l'info.., mais les copains étaient compréhensibles et ils m'ont laissé seul pour la faire (certains préférant patauger dans la boue, courir malade, etc.).

 

Toute la semaine les organisateurs envoyaient des mails sur la météo qui risquait d'être terrible, et nous disaient de bien préparer son matériel en conséquence. Histoire de faire monter le stress..

 

Donc samedi, direction Bourg Saint Maurice pour retirer le dossard, avec encore des avertissements des bénévoles. Ensuite, un plat de ravioles au pesto dans un resto' occupé par des trailers, et enfin direction «Les Chapieux», pour la nuit. Alors Les Chapieux, c'est une sorte de croisée des chemins perdus au milieu de rien, avec un bâtiment qui sert de colonie ou de refuge en saison, mais fermé dès le début de l'automne. Dépaysant.

 

Durant la nuit passée dans la voiture, je me suis levé et j'ai regardé le ciel: magnifique! Des étoiles partout, sans pollution lumineuse. Je me disais que la météo ne pouvait pas s 'empirer à ce point..!

 

Cette nuit fraîche mais reposante s'est terminée à 4h30. Un café bien chaud, un dernier coup d’œil au sac et direction la ligne de départ. Mais d'abord, il faut passer par un sas de contrôle du matériel de sécurité. Ce qui me plait c'est que toute l'organisation est faite sans fioriture, on va à l'essentiel (pas de feu d'artifice, pas de musique assourdissante, ni même public… rien, rustique).

 

Le début du parcours se fait par une petite route longeant un torrent, puis au bout de quelques kilomètres, la pente s'élève et l'on quitte le bitume pour ne plus le revoir. Première et plus longue ascension de la journée. Avec le jour qui se lève on peut voir que l'on est entourés de montagnes vertigineuses avec tous les sommets enneigés. Splendide. Mais avec les coureurs la seule incertitude est la météo. Il fait très froid, il y a beaucoup de vent mais pas de neige ou de pluie…

 

Le 1er col franchi  on descend par une plaine sans chemin. On suit simplement les drapeaux . C'est très ludique, tout le monde court sans se suivre, le sol est un mélange d'herbe courte, de mousse et de pierres. C 'est génial. 

 

Nous arrivons au ravito' qui est aussi rustique: fruits sec, chocolat, bananes, Beaufort (miam miam), mais pas de soupe chaude ou thé. Dommage car avec le froid j'en rêvais...

Ensuite, le  2eme col  avec une montée longue, entrecoupée de quelques marches qui mettent à mal les cuisses. Il y a moins de discussion entre trailers, chacun cherche son souffle, certains sont très marqués et pourtant nous ne sommes qu'entre le 15 et le 20ème kilometre. Je me sens bien, mais sans plus. Je profite du paysage et me concentre pour ne pas tomber.

 

Une longue traversée en descente permet de dérouler les jambes et d'accélérer un peu pour arriver au deuxième ravito', qui sera également, plus tard, l'arrivée, à l'hospice du Petit Saint Bernard. Je suis 89ème.

 

A partir de là, j'en prends plein les yeux (et les jambes). On franchit plusieurs cols, on passe par des crêtes vertigineuses avec des vues sur des glaciers énormes. Souvent aucun chemin n'est visible on navigue à travers des sortes de plaines découpées par de nombreux lacs. C'est superbe. D'autant plus que la météo est gentille. Des nuages, du vent ,du froid mais de la visibilité, et surtout surtout pas de pluie.  Malgré ce décor, il ne faut pas oublier toutes ces ascensions qui se cumulent. D'ailleurs je fatigue un peu et plusieurs coureurs me doublent.

On évolue également sur le lit d'un ancien glacier, paysage lunaire!

 

Certains passages sont équipés de chaines et de cordes pour notre sécurité, avec à chaque fois des bénévoles transis de froid qui nous expliquent comment franchir ces  obstacles. 

 

Le dernier ravitaillement ne doit pas être loin, mais nous continuons à monter et je redouble les coureurs  qui m'avaient dépassé. Je me sens bien. Je me demande si ma montre ne me joue pas des tours, car là où nous sommes, impossible de faire monter des victuailles. Au détour d'une vire, un bénévole avec un accent savoyard me dit de descendre par là en suivant les jalonettes.  «Heu … mais, y'a pas de chemin là?» «Non, mais vas-y mon gars au pire t'auras le cul sale, mais sois prudent quand même..»

Bref, un beau mur vertical couvert d'herbe. Au début je fais gaffe puis après je me lâche, et malgré une ou deux chutes sur les fesses, je dévale cette pente comme un gamin. Au passage je double deux concurrents pas très à l'aise dans cet exercice.

 

J'arrive enfin au dernier ravitaillement (23 km depuis celui de l'hospice). Je fais le plein et repars pour une très longue descente. Première partie très technique puis une piste interminable ou j'arrive à courir quand même à 12 km/h sur plusieurs kilomètres.

 

Enfin, arrive la dernière partie et mon drame: une arrivée en montée, je n'ai  plus trop de jus.  D'abord une piste en faux plat montant avec quelques raidillons, puis des passages très techniques, pour grimper jusqu'au col du Petit Saint Bernard, et enfin franchir la ligne d'arrivée.

 

Je suis frigorifié mais heureux d'en avoir fini. Cette fin de parcours a été très éprouvante physiquement et mentalement.

 

J'engloutis rapidement une portion de tartiflette pour prendre le bus qui va nous ramener aux Chapieux. Une heure de route durant laquelle tout le monde somnole.

 

C'était donc un trail rustique et authentique, car l'organisation ne fait pas dans le bling-bling, loin de là! Et côté trail technique.. et bien, j'ai été servi!!! Certainement un des plus difficiles que j'ai faits jusqu'à présent. 

 

10H54 , 89ème sur  158 arrivants (une trentaine d abandons), le 1er est en 7h11 !!

 

Seb' G.

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Manu (mercredi, 10 octobre 2018 06:10)

    Bravo, belle performance

  • #2

    Le Moyen (mercredi, 10 octobre 2018 07:44)

    Merci pour ce recap et bien sûr bravo pour cette perf.
    Manque peut-être une dimension olfactive au moment du retour en bus après la tartiflette ;)

  • #3

    Thomas (mercredi, 10 octobre 2018 17:53)

    J'aime bien "l'organisation sans bling bling", on va essayer de faire pareil ce WE � En tout cas bravo Seb' et superbes photos!

  • #4

    Amélie (mercredi, 10 octobre 2018 22:35)

    De belles photos qui donne bien envie de planifier un pti tour par là bas... (Sous de meilleures conditions météo peut être quand même) ! L'authenticité de ce trail est attirante ! Plaisant pour le TAC'traileur à la force tranquille ! � Bravo !