Marathon de Charleval en solo (06avr / 42km)

 

Bonjour tout le monde,

 

Bah oui, encore un compte-rendu (c'est bien: 'faut profiter du confinement pour se remettre à la lecture un peu..), et encore d'un défi un peu fou et pas vraiment prévu à la base..

 

Ce qui était prévu, et ce depuis plusieurs mois, c'est que début avril je fasse le Marathon de Rotterdam, dans mon plat pays qui est le mien. Je rêvais de faire une belle perf' 'à la maison', pour un de mes derniers 'vrais' (c'est-à-dire préparé à fond) marathons. J'avais donc décidé de m'y consacrer pleinement et ce depuis fin décembre en fait, avec déjà mes premières sorties bitumées à Noël, en Hollande justement, avec en tête le premier weekend d'Avril 2020..

 

J'ai opté pour un plan d'entraînement très costaud, avec 5 sorties par semaine, qui devait durer en tout 9 semaines, mais que j'ai rallongé sur 12, cherchant vraiment à pousser l'entraînement au max, pour voir ce que ça pourrait donner au final une telle prépa'.

 

D'autres Taureaux avaient aussi en tête de faire un marathon ce printemps, notamment Annick et Thomas à Montpellier. Du coup, comme moi, ils se sont mis en début d'année à se préparer pour. Avec Thomas, on se tenait régulièrement au courant de nos sorties, et on se motivait mutuellement pour tenir le coup.. Danke schön à lui pour son soutien.

 

Les séances étaient hards, avec du fractionné court, des sorties à allures variables, du fractionné long, des PPG, des sorties longues le weekend, etc. Et tout ça seul, souvent le long du canal EDF, en 'séchant' du coup hélas les sorties bien plus sympas avec la manade des Tac's. J'avais hâte que la prépa' se termine, pour arriver au jour J, faire mon marathon aux Pays-Bas, et retrouver la manade, ainsi que nos sentiers que je n'ai plus foulées depuis des mois..

 

Mais, mi-mars, patatra: j'apprends que le marathon est (logiquement bien sûr) annulé. Même chose pour celui de Montpellier qui allait être le 1er pour Thomas et 5ème pour Annick. On est tous très déçus, même si, bien évidemment, ce n'est rien comparé à l'actualité du moment.

 

Du coup toute cette prépa' et tous ces sacrifices (:pas de bière, que ce soit Heineken, Corona.. ou vraies bières..) depuis des mois pour rien. C'était frustrant bien sûr, mais j'ai tenu à aller au bout du plan d'entraînement (oui, j'suis maso'), m'adaptant aux nouvelles contraintes petit à petit mises en vigueur.

 

Rapidement l'idée de quand même me faire une sorte de défi marathon le jour J m'est venu. Je savais que certains se faisaient des défis de fou tout en restant confinés, et avec Fred' (mais aussi Coach Sergio, Seb',..) on en parlait. Elle m'a encouragé comme elle m'avait encouragé durant les sorties longues d'entraînement (merci).

 

Du coup, allez, chiche: j'allais me faire un gros truc le jour J. Pas dans mon jardin, mais -pour pouvoir aller vite quand même- bel et bien dehors sur route, tout en restant dans le rayon d'1km, avec une attestation dans la poche.

 

Je ne pensais pas que ça allait être tout un marathon, mais quand Seb' M. a fait son défi du 'Marathon at Home', 'fallait que je pousse jusqu'au 42km195m moi aussi, dans des conditions pas évidentes, mais bien plus faciles que lui bien sûr et sa boucle de 70m. Moi je m'étais trouvé pas loin de la maison un parcours en forme de U, qui respectait les restrictions. Ca allait être le parcours de la 1ère édition du 'Marathon de Charleval en solo'.

 

Bon, il avait quelques inconvénients ce marathon quand même: -j'étais tout seul: pas d'autres coureurs, pas de meneurs d'allure, pas de public, par de 'supertrice'.., -en arrivant à la fin du 'U', fallait que je fasse demi-tour sur moi-même (aie) pour repartir dans l'autre sens, -niveau ravito' ce n'était pas trop ça: j'ai donc pris 2 gels, 1 pate d'amande et 1 pate de fruits sur moi, et, avant d'attaquer, j'ai installé sur le parcours, à même le sol, 3 bouteilles d'eau et 1 de StYorre, en respérant qu'elles y seraient encore lors de mes passages..

 

Bon bref, lundi c'était je jour J (repos le weekend, mon corps en avait besoin après ces 12 semaines d'entraînement). Je me suis lancé à 16h, pas pétantes évidemment, vous connaissez ma non-ponctualité.. Baskets orange, t-shirt orange: je courais ce 'Marathon de Charleval en solo' en mode hollandais.. mais pas en mode touriste/campeur pour autant: j'avais décidé de partir sur une allure un peu folle, celle de 4mn15/km, qui donne(rait) un marathon en moins de 3h00. Je savais que je n'allais pas tenir ça tout le long, et qu'à un moment donné, j'allais prendre cher, en me prenant un mur en pleine tronche de blondinet.. Mais je voulais voir combien de temps je pourrais tenir ça. C'est du 14,1km/h, on y n'est pas à l'aise. Mais bon, comme ça les bornes défilent plus vite aussi..

 

Après 1heure, j'avais parcouru le tiers de la mythique distance donc déjà: 14,1kms. Ca allait: j'arrivais à tenir le rythme, même si ma fréquence cardiaque était trop élevée et le soleil trop présent (surtout pour un gars du 'nord'..). Mes virages à 180° étaient inesthétiques, tout comme mes affaissements pour choper puis reposer mes bouteilles d'eau sans ralentir..

 

Evidemment la 2ème heure fut plus compliquée que la 1ère. L'allure, la distance, le bitume.. commençaient à faire leur effet.. Mais j'arrivais à poursuivre sur ce rythme de plus de 14km/h et au bout de 2h j'étais donc à 28,2km, plus de 2/3 de la distance totale parcourue. Là je savais que l'effondrement était de plus en plus proche et que j'allais droit dans le mur poursuivant ainsi (rythme cardiaque de plus en plus élevé pour tenir la vitesse), mais je voulais découvrir où et voir les bénéfices de ces mois d'entraînements.

 

Aie, là ça commence vraiment à être compliqué. Il ne me reste 'que' 14kms à faire. J'ai fini mon second gel, il me reste une pate de fruit et une pate d'amande dans la poche, que j'attaque pour essayer de repousser l'incontournable. Au sol (qui me semble de plus en plus bas..), il n'y a plus que mes bouteilles d'eau, celle de StYorre ayant disparu. Je suis conscient que là ça va être une autre histoire, je vais bientôt exploser en vol.

 

Je continue à regarder ma montre tous les 500m au moins pour voir si j'arrive encore à être proche de ces 4mn15/km de fou. Au 30ème km, je suis content de voir que chronométriquement ça va encore: je passe en 2h07mn, toujours à plus de 14km/h. Mais je n'ai plus aucune marge: je ne pourrai plus aller plus vite.. seulement plus lentement.. beaucoup plus lentement..

 

Ca y'est: au 32ème km c'est le début de la fin: kilomètre fait en 4mn21. Puis 4mn26. Puis 4mn35. Et 4mn27 pour le 35ème km. On est en plein mur, ceux qui ont déjà couru à leur allure max un marathon savent c'que c'est (N'est-ce pas nos Marathoniens de Salon..?) et c'est bien sûr encore pire quand on court au-dessus de cette 'allure max'.. Mais je suis content de voir que je passe la ligne (totalement imaginaire) des 35kms en moins de 2h30, ce qui était un peu le défi perso' que j'espérais relever.. Bon, là, j'aurais dû m'arrêter là. C'était bien, j'étais content, il me restait encore un peu de jambes pour rentrer à la maison.. Mais bon, c'était désormais le 'Marathon de Charleval', Seb' M. et sa casquette avait eu le courage de faire 603 boucles, moi 'fallait que j'aille au bout des 42,195kms et serre les dents donc encore 7 bornes.

 

Et bien ce furent les 7 bornes les plus dures de ma.. (..euh, bon, ok, y'en a eu des compliquées  à la Réunion aussi..). En tout cas, ce fut horrible. Je serrais les dents, je luttais, luttais, mais je n'avançais plus.. Le silence du public fut assourdissant et pas trop motivant donc.. Les temps au kilomètres s'envolaient bien sûr, jusqu'à arriver à 4mn58s pour le 39ème. Mais ça faisait encore du 12km/h, donc un rapide calcul me fit comprendre que si je continuais j'allais battre mon record perso, qui était depuis Marseille 2018, de 3h10. Je me suis donc accroché comme un mort de faim, repensant aux mois de prépa' et en relativisant évidemment la 'douleur' quand on la compare à d'autres..

 

Je passe les 41kms en moins de 3h. Allez, plus qu'1.. et ces satanés 195mètres. Je me dis, que c'est faisable de passer sous les 3h05. Il n'y a pas de tapis rouge ou d'arche d'arrivée qui me signale la fin du périple, je regarde donc constamment ma montre, pour voir où j'en suis. Ma foulée est dégueux, ma tête aussi, mais c'est pas grave, et y'a pas de photo d'arrivée pour immortaliser tout ça.. Le 42ème km ayant vibré, je cours les yeux rivés sur le chrono, et là, quand je vois 42,2 qui s'affiche enfin, je m'arrête, au bout de l'effort. C'est fait. Fini. Marathon de Charleval en solo: check. Ouf! J'arrête le chrono, regarde le temps qui s'affiche: 3h04mn23s (13,7km/h). J'suis super content.. mais pour l'instant trop fatigué (et trop esseulé) pour l'exprimer.

 

Il me faut récupérer les bouteilles sur le parcours.. mais ça attendra le lendemain. Par contre, rentrer chez moi, ça ne peut pas attendre le lendemain. Les 800m qui me séparent de la maison sont interminables, je mets 20minutes pour les faire. Finalement, un marathon dans son propre jardin a du bon quand même: le canapé n'est pas trop loin après l'arrivée..

 

Bon voilà, ça marque la fin de ces 3 longs mois passés à faire du plat, du plat, du bitume, du plat. Retour à la nature maintenant, à nos collines, aux beaux massifs, aux rudes montées, aux descentes roulantes, aux jolis vallons, aux petites combes, aux grottes secrètes, aux sommets à la vue panoramique, aux.. euh.. aie.. non, non, ça ne sera pas pour tout de suite.. Bon ben, tant pis, on va se faire des défis de fadas dans les escaliers alors, c'est bien aussi (avis aux amateurs)..

 

Courage à tous pour ces jours étranges (si vous avez réussi à lire tout ça, c'est que vous êtes courageux, vous allez tenir, ça va l'faire..), hâte qu'on se retrouve tous pour crapahuter, apéro'tiser, Tac'iser. Gardons le moral et la forme d'ici-là.

  

Bises de loin,

 

Le Blond orangé